La Russie, un pays européen.
Ce petit article est destiné à fournir un argumentaire précis aux camarades afin de démontrer pourquoi la Russie est un pays pleinement européen et en conséquence d’expliquer les raisons légitimes que nous avons de souhaiter son intégration dans l’Union Européenne. Il s’agit également de répondre brièvement à la théorie « eurasienne » défendue en Russie et dans le reste d’Europe par certains idéologues.
Le premier point est d’ordre anthropologique. Certains ont tenté de démontrer que la Russie était un pays asiatisé du fait notamment de l’occupation mongole pendant trois siècles. En ce sens, le peuple russe ne serait pas compatible avec la démocratie mais préférerait la soumission à un autocrate, qu’il s’agisse d’un tsar, d’un khan ou d’un dictateur comme Staline. Or, la génétique montre d’une part que le peuple russe est très proche du peuple polonais et que, comme l’indique un article de RIA Novosti du 29 mars 2008, il résulte d’un mélange de populations slaves, dominantes, avec des populations finno-ougriennes, un quelconque apport asiatique étant quasi inexistant. En revanche, les Tatars par exemple sont fortement russifiés au point de ne pas pouvoir être distingués des russes au sens strict.
Historiquement, la Russie a connu des peuplements de type européen depuis la plus haute antiquité. L’Ukraine fut ainsi peuplé de populations iranophones nomades (Scythes et Sarmates), de goths puis de slaves et de scandinaves. C’est à Kiev et à Novgorod que la Russie moderne, à l’époque la Rous’, prend racine. Avec la conversion au christianisme de l’empereur Vladimir en 989, la Russie rejoint les autres peuples européens dans cette nouvelle religion, mais son paganisme slave précédent, apparenté aux autres paganismes d’Europe, témoignait également de sa pleine européanité.
La Russie a protégé le reste de l’Europe des Mongols en absorbant les envahisseurs. Ce faisant, elle en a subi les conséquences en accumulant un retard de trois siècles par rapport au reste du continent. C’est seulement au XVème siècle qu’elle parvient à s’en libérer. Toutefois, la Russie est restée un pays européen par sa culture et par sa population, et si à partir de 1589, elle commence la conquête de la Sibérie, cela ne change rien à cette dimension humaine. En revanche, géographiquement, l’Europe s’étend en Asie, dans des territoires qui dans l’antiquité étaient peuplés de populations européens (Scythes d’Asie et Tokhariens notamment).
La Russie aujourd’hui c’est moins de 150 millions d’habitants et si un quart seulement de sa superficie est en Europe géographique, 80% des russes y habitent. Au niveau démographique, la population de la fédération de Russie est indo-européenne à 84% et européenne au sens général à 90% si on y ajoute les populations finno-ougriennes et caucasiennes. Les Tatars, fortement européanisés, constituent 3% de la population russe et s’ajoutent à ce nombre. On peut considérer que moins de 5% de la population de la fédération, habitant principalement en Asie, n’est pas européenne.
Il est vrai en revanche qu’au niveau religieux, l’islam représente 10 à 15% de la population, notamment dans le Caucase et chez les populations turques. Mais l’islam existe aussi chez d’autres peuples européens, comme les Albanais et les Bosniaques, et ne saurait être un indicateur de non-européanité.
L’idéologie eurasienne, défendue par Alexandre Douguine, qui prétend que la Russie est une symbiose entre l’Europe et l’Asie, qu’elle n’est pas européenne, rejoignant le point de vue des slavophiles du XIXème siècle, est un ennemi mortel de l’européisme russe, courant bien réel qu’évoque avec brio l’historien Alexandre Tchoubarian dans son ouvrage « La Russie et l’idée européenne ». Comme le dit Tchoubarian, citant Berdiaev, « l’attitude des Eurasiens envers l’Europe est fausse et erronée et mérite d’être nommée asiatisme et non pas eurasianisme ». Mikhaïl Gorbatchev défendait la « maison commune européenne » et Vladimir Poutine proclame la nécessité de l’émergence de la « Grande Europe de l’Islande à l’Oural et par extension au Pacifique ». Enfin, Dimitri Medvedev, le nouveau président russe, proposait en 2008 de construire « une grande Europe qui inclurait les pays de l’Union Européenne, la Russie et d’autres pays du continent ».
Enfin, la population russe se considère comme pleinement européenne, même si elle n’est pas spécialement favorable à l’Union Européenne. Elle se considère comme telle par ses origines et par sa culture. Nous avons brièvement montré que la Russie était un pays européen, ce qui implique qu’elle ait tout sa place au sein de l’Union Européenne.
Thomas FERRIER
Secrétaire Général du PSUNE