L’Italie et la victoire de Berlusconi.
Les dernières élections parlementaires en Italie, qui se sont déroulées en ce mois d’avril 2008, témoignent d’un phénomène de bipartition assez inhabituelle dans ce pays latin, habitué à l’existence au parlement de nombreux partis, allant du néo-communisme au néo-fascisme. L’avènement d’un grand parti de droite, allant du centre droit démocrate chrétien à une partie de la mouvance néo-fasciste, en la personne d’Alessandra Mussolini, désormais députée du Peuple de la Liberté, le nouveau parti berlusconien, est en effet une innovation, de même que l’élimination de la « Gauche Arc-en ciel » et de la « Droite Flamme Tricolore » des deux chambres. La victoire sans appel de Berlusconi, avec plus de neuf points d’avance sur le Parti Démocrate de Walter Veltroni, l’autre parti de cette bipartition, est toutefois nuancée par le très bon score, 8,3%, de la Ligue du Nord d’Umberto Bossi, parti populiste, libéral bien qu’opposé à l’immigration, eurosceptique et partisan d’une division du pays en deux (la Padanie au nord, l’Ausonie au sud). La Ligue est toutefois alliée au PL de Berlusconi. La campagne anti-immigration de Bossi lui a notamment permis de gagner beaucoup de voix dans les milieux ouvriers de l’Italie du Nord aux dépens des néo-communistes.
Victoire de Berlusconi donc, avec tous les paradoxes d’un personnage qui se réfère au libéralisme de manière très positive, ce qui est logique pour un chef d’entreprise, tout en évoquant de manière nostalgique le fort peu libéral régime de Mussolini, un Berlusconi qui soutient des positions atlantistes, mais qui s’entend très bien avec Vladimir Poutine, et qui avait même proposé que la Russie fasse partie de l’Union Européenne. Sur la question européenne, il est cependant considéré comme plutôt eurosceptique, et est en tout cas allié avec un parti de cette nature, la Ligue du Nord, et au sein de son propre parti, les anciens d’Alliance Nationale, dont Gianfranco Fini, ou Alessandra Mussolini, sont également très opposés à l’Union Européenne. Ce manque de crédibilité européenne du nouveau premier ministre pourrait poser de gros problèmes en définitive.
Le fait que le Peuple de la Liberté, avec ses alliés, soit nettement majoritaire tant à la chambre des députés qu’au sénat, démentant les sondages des jours précédents l’élection, qui annonçaient un duel serré, lui permettra, sauf si rupture avec la LN, de gouverner pendant cinq ans le pays. Ce sera là encore une période de stabilité politique, comme l’Italie en avait connue de 2001 à 2006, mais probablement sans grandes réformes, malgré les engagements pris par le candidat Berlusconi, par ailleurs proche de Sarkozy, un candidat qui « respecte sa parole » (sic). A 71 ans, Berlusconi, qui aspire à devenir président de la république, devra se poser aussi la question de sa succession, lui qu’on surnomme « Highlander ». On devine que Gianfranco Fini sera le premier sur les rangs mais il n’est pas sûr qu’il puisse parvenir à rassembler aussi efficacement que son dirigeant actuel. En attendant il est pressenti pour devenir le nouveau président de la Chambre des Députés.
Thomas FERRIER
Secrétaire Général du PSUNE