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 Elections européennes 2009 : le bilan.

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Ferrier
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Ferrier


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Elections européennes 2009 : le bilan. Empty
MessageSujet: Elections européennes 2009 : le bilan.   Elections européennes 2009 : le bilan. EmptyLun 8 Juin - 21:46

La stratégie machiavélienne de Nicolas Sarkozy.


Analysons en premier lieu le cas français et saluons le sens tactique du président de la république Nicolas Sarkozy. Son objectif était dans le cadre de ses élections européennes de voir son parti, l’UMP, s’imposer et de voir aussi ses adversaires et prétendants au trône en 2012 faire grise mine et connaître une amère défaite. Avec 16.48% des voix, le Parti Socialiste connaît une chute spectaculaire, de même que le Mouvement Démocrate de François Bayrou qui réalise un piètre 8.45%, alors qu’en revanche la liste Europe Ecologie conduite par Daniel Cohn-Bendit réalise un score exceptionnel de 16.28% soit 0.2% de moins que le PS. Vaincus également le Nouveau Parti Anticapitaliste d’Olivier Besancenot, qui se retrouve sans élus, alors que le Front de Gauche mené à la bataille par Jean-Luc Mélenchon réalise un inattendu 6.3% et obtient cinq élus. Le Front National obtient un médiocre 6.34% devant la liste Libertas de Philippe de Villiers (4.88%) et la liste Debout la République (1.77%), ce qui lui permet néanmoins de faire rentrer au parlement européen trois élus.

Mettons donc à jour la remarquable stratégie de Sarkozy dans ces élections. Il a su profiter de la vague bleue qui a submergé toute l’Europe et offre ainsi à l’UMP un score aux alentours de 28%, soit douze points de plus que son principal adversaire. Mais surtout il a réalisé un plan parfaitement orchestré en tandem avec Cohn-Bendit.

La diffusion vendredi soir du film écologiste de Yann-Artus Bertrand ne doit rien au hasard puisqu’elle a encouragé de manière redoutable le vote écologiste en France, l’objectif étant de permettre à Cohn-Bendit, qui n’a aucune ambition électorale française, de prendre de nombreuses voix au MoDem et au PS, brisant Bayrou et affaiblissant Aubry. On peut imaginer l’accord sous cette forme. En échange d’une aide de Sarkozy à Cohn-Bendit pour que ce dernier réalise un gros score, au détriment des ennemis de l’UMP, ce dernier devait attaquer Bayrou. A Cohn-Bendit les élections européennes de 2009, à Sarkozy les élections présidentielles de 2012. Cette alliance géniale, bien que contre nature, et qui s’est faite au détriment de l’intérêt de l’Europe, a pleinement rempli son offre.

Le film de propagande écologiste, remarquablement réalisé, et qui sur France 2 a rassemblé plus de neuf millions de téléspectateurs, a permis à la liste Europe Ecologie d’égaler le PS mais a aussi contribué à augmenter de manière étonnante les scores de la petite liste Alliance Ecologiste Indépendante, menée par Antoine Waechter, et qui atteint 3.7%. Or ce score considérable est littéralement tabouisé puisque même Le Monde ne l’évoque pas. Pourquoi cacher cette information ? Sans doute pour ne pas montrer au public que le score d’Europe Ecologie a été artificiellement gonflé, comme celui de l’AEI de Waechter et Lalanne. Et de même, dans cette campagne européenne, Jean-Marie Le Pen a été marginalisé au profit de sa fille Marine, invitée des plateaux pour distiller sa propagande europhobe. Sarkozy a en effet besoin d’avoir une extrême-droite à la Gianfranco Fini qui lui permettra de ne pas avoir d’ennemis à droite. Malgré les attaques de Marine contre le président français, qui sont purement tactiques, l’intérêt de ce dernier est de la voir prendre les rênes du parti, au détriment de Bruno Gollnisch qui avec 7.57% des voix dans la région Est réalise un score médiocre et frise l’élimination, alors que Marine Le Pen avec 10.18% des voix, et ce malgré la concurrence de Carl Lang qui lui prend 1.52% des voix, triomphe.

Le résultat de la stratégie mise en place par le président Sarkozy est tout bonnement incroyable. Le PS est en crise et diminué, le MoDem subit un terrible revers, et l’extrême-gauche est laminée, à l’exception du Front de Gauche, Mélenchon ayant réussi son pari. Et le Front National subit un coup terrible, passant de 10% à 6.5% en cinq ans et de sept à trois députés européens.


La montée des conservateurs et des eurosceptiques.


Au niveau européen, ces élections de 2009 témoignent d’un virage à droite, avec une victoire de cette dernière dans les cinq pays d’Europe les plus peuplés, à savoir le Royaume-Uni, avec les Tories de Cameron à 30%, la France bien sûr, l’Allemagne où la CDU enfonce la SPD, l’Italie avec la victoire sans appel de Berlusconi, même si moins large que prévue, et enfin l’Espagne où le PPE dépasse de plus de trois points le PSOE. En plus de ces pays, la droite écrase la gauche en Autriche, en Hongrie, en Tchéquie, en Pologne et aux Pays-Bas. En revanche, les sociaux-démocrates parviennent à dépasser la droite, au pouvoir, en Suède, au Danemark et en Grèce, ce qui a été facilité par les excellents résultats de la droite nationale dans ces deux derniers pays.

Les eurosceptiques sont également les grands vainqueurs de ces élections. Aux Pays-Bas, le populiste Geert Wilders obtient 17% des voix, faisant de son PVV le second parti du pays. Au Royaume-Uni, la liste souverainiste UKip atteint un record de 18% des voix, battant largement le Labour Party. Avec 18% des voix, le souverainiste Martin dépasse les scores cumulés des deux partis de droite nationale, FPÖ et BZÖ. Le parti tchèque ODS dépasse largement son ennemi social-démocrate qui avait pourtant le vent en poupe. Les sociaux-démocrates polonais avec 12% des voix sont marginalisés par les deux partis de droite, dont l’eurosceptique PiS des frères Kaczynski qui atteint 30% des voix.

En plus de la droite conservatrice, le PPE et les anti-fédéralistes de droite (ODS, PiS et Tories), la droite nationale connaît une forte progression sur tout le continent, sauf en France, en Belgique et en Allemagne. Dans cette dernière, elle ne récolte que 1.7% des voix, 1.3% pour les Republikaner et 0.4% pour la DVU. En Belgique, le Vlaams Belang perd près de quatre points, alors que le Front National de Belgique divise son score par 2/3. Enfin, en France, on l’a vu, avec 6.34% auxquels il faut rajouter les 0.76% en moyenne par le Parti de la France de Carl Lang et la liste de Dieudonné, le Front National et la droite nationale française en général connaissent un net déclin.

Il y a d’abord les victoires de la droite nationale. Le DFP danois récolte 15.1% des voix, le FPÖ multiplie son score de 2004 par plus de deux, la liste Wilders avec 17% surprend par l’ampleur de son score, et le Jobbik hongrois, très radical, atteint 14.8% des voix et obtient trois élus, alors qu’en 2004 la droite nationale hongroise, représentée par le MIEP, ne faisait que 2%. Le Parti de la Grande Roumanie de Tudor avec 8.68% des voix et deux élus renaît de ses cendres. En revanche, Samoobrona avec 1.5% des voix connait une lente descente aux enfers. Le mouvement des « Vrais Finnois », Perussuomalaiset, récolte 9.8% des voix contre 0.1% en 2004. Le LAOS grec avec 7.1% des voix et 2 élus continue de progresser, sans avoir été gêné par une liste dissidente, l’Union Patriotique (Patriotiki Simmahia), qui réalisé 0.47% des voix. Enfin, la Ligue du Nord réalise un excellent score en Italie, dépassant les 10% et obtenant 8 élus.

Le British National Party, avec 6.5% et deux élus, fait jeu égal avec le Front National français et pour la première fois rentre au Parlement Européen. Nick Griffin, son dirigeant et ancien partisan des thèses de Mosley, est élu dans le Nord-Ouest. En revanche, les Sverigedemokraterna (« démocrates suédois ») avec 3.3% ratent de peu leur entrée au parlement européen mais confortent leurs scores de ces dernières années.

Le mouvement souverainiste « Libertas », qui avait fortement européanisé son discours, échoue lamentablement à cette élection. Première liste vraiment transnationale, elle ne réalise que des scores très marginaux dans la plupart des pays, ainsi 0.5% au Royaume-Uni, 0.94% en Tchéquie, 2.14% en Pologne, 0.13% en Grèce et 0.15% en Espagne. En Irlande, où certains sondages annonçaient Libertas à 9%, Declan Ganley ne réalise que 5.62% et n’est pas élu. Seul survivant, avec 4.88% des voix en France mais plus de 10% dans son euro-région, Philippe de Villiers est élu. Il sera le seul représentant de Libertas au parlement européen.


Défaite de l’Europe ou annonce d’une renaissance.


Les élections européennes de 2009 ont été complètement dénaturées par le taux considérable d’abstention, le détournement de la campagne vers des enjeux nationaux, les conséquences de la crise, et les stratégies politiciennes des grands partis, comme le PPL de Berlusconi et l’UMP de Sarkozy. Aucun enjeu, à part la question turque, n’a émergé dans des élections ne permettant pas de déterminer le nom du prochain président de la commission. Gustavo Barroso est en effet le principal bénéficiaire de ce détournement de scrutin puisque le PPE est largement vainqueur au niveau européen. Sa réélection devrait se dérouler sans problème malgré la volonté des Verts européens de s’opposer à lui. Ce dernier, soutenu par les Etats avant même le scrutin, les électeurs ne s’y sont pas trompés en restant chez eux. Tant que les élections européennes ne permettront pas de proposer une véritable alternance politique en Europe, l’abstention sera toujours le grand vainqueur de ces soirées électorales.

Connaissant un énorme désastre, avec un Labour Party à 15.3%, un PS à 16.5% et une SPD à moins de 21%, la gauche sociale-démocrate, qu'au PSUNE nous appelons la fausse gauche, est durement fragilisée. Seul le parti social-démocrate slovaque, qui est allié à des mouvements populistes et nationalistes, tire son épingle du jeu en raison de son caractère atypique. Nous nous réjouissons que la fausse "gauche", qui a depuis longtemps trahi les travailleurs européens, morde la poussière, mais malheureusement c'est au prix d'une victoire des formations libérales, atlantistes et parfois eurosceptiques, c'est à dire de ceux qui sont opposés à l'idée d'une Europe vraiment européenne et sociale.

Pour redonner du sens à cette élection, il faut proposer un véritable opposant au sein du parlement européen au président proposé par les Etats. Il faut défendre le principe de listes européennes et/ou transnationales proposées directement au suffrage des électeurs. Au lieu de voter pour l’UMP ou pour le PS, ils devraient pouvoir voter pour le PPE ou pour le PSE. Il faut que le parlement européen prenne le pouvoir, pour reprendre l’heureuse expression de Claude Askolovitch. En clair, il faut que le parlement européen, en héritier des états généraux, s’autoproclame assemblée européenne constituante et affronte en face à face les Etats. De cette confrontation pourra naître l’Euronation que nous espérons voir émerger au plus vite.

Le PSUNE se désole de l’abstention mais n’en accuse pas les électeurs mais les dirigeants politiques qui ont tout fait pour tuer tout enjeu dans ces élections. Il n’est pas dupe des manœuvres subtiles du président français. Il regrette également l’attitude plus que servile des media français, proposant très peu de débats et dans des conditions très médiocres. Une fois de plus ces élections européennes n’auront servi à rien et auront été une occasion gâchée. Rendez-vous donc en 2014 en espérant que d’ici là le PSUNE aura réussi à se faire connaître, obtenant ainsi une audience médiatique utile, un véritable financement et un afflux militant. Dans ce cadre, son secrétaire général en la personne de votre serviteur prépare un ouvrage politique destiné à susciter un engouement pour notre démarche, notre projet et nos idées.


Thomas FERRIER
Secrétaire Général du PSUNE
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