Cependant, il est toujours possible que l'homme prophétisé par Thomas Carlyle, Nietzsche, Simone Weil [la philosophe], s'avance à nouveau parmi nous. Il est possible que demain un individu, servi par le Destin, prenne conscience du danger et soit, une fois encore, imposé par le péril mortel menaçant, non plus une nation, un peuple, mais un continent tout entier. Il est possible qu'un tel homme clame la vérité en des circonstances lui permettant d'être écouté et compris.
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Est-il plus facile d'unir aujourd'hui ce qui reste de l'Europe ? Si cela ne l'est pas, au moins est-ce toujours possible. L'homme fort de l'Europe devra en unifier les provinces par le haut. Il lui faudra inculquer aux peuples unis le sens de la solidarité qui leur fait défaut. Faute de quoi, il sombrera comme ses grands prédécesseurs, et avec lui ce qui reste du monde civilisé, cultivé. Il est difficile qu'il puisse utiliser une autre doctrine politique que celle d'un socialisme européen, affranchi des servitudes du marxisme.
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C'est à cette condition que l'Europe unifiée pourra devenir la Grande Nation, entre les grands blocs américain et asiatique et qu'elle pourra subsister.
Napoléon aujourd'hui, ne dirait plus de l'Europe: "C'est une taupinière"; il dirait "C'est un tombeau".
1973