Bonne année 2005 !

Citation :: Communiqué: bonne année 2005.

L’année 2004 a été par excellence celle de l’Europe, mais malheureusement comme chaque année, l’Europe continue à sombrer dans tous les domaines. Les élections européennes ont été le symbole d’un désenchantement électoral avec une forte abstention, en particulier dans les pays d’Europe centrale et orientale. Les mouvements souverainistes se sont maintenus voire renforcés, avec par exemple l’apparition du mouvement UKIP en Grande-Bretagne qui a atteint près de 18% des voix. Dans le même temps, le parlement européen se décrédibilise avec l’affaire Buttiglione, du nom de ce commissaire européen italien qui a osé tenir des propos contraires au politiquement correct, puis surtout avec la question de la Turquie. Giscard lui-même a expliqué qu’il fallait s’opposer à l’intégration de ce pays dans l’Europe. Et pourtant le parlement européen à une majorité certaine a soutenu le début des négociations avec ce pays, ce qui a priori implique dans un délai de plus de quinze ans l’adhésion théorique de la Turquie. Les raisons du refus de la Turquie dans une union continentale européenne sont très nombreuses : d’ordre historique car la Turquie a un contentieux avec de nombreux pays d’Europe balkanique, comme la Grèce ou Chypre, et il a fallu attendre 1913 pour que les Balkans, sauf une petite partie de la Thrace, soient libérés du joug ottoman ; d’ordre géographique car la Turquie a seulement 5% de son territoire en Europe et 8% de sa population ; d’ordre civilisationnel puisque la Turquie se reconnaît dans l’islam et que la spiritualité européenne repose sur le double héritage, païen et christianisé ; d’ordre démographique car ce pays n’a pas la démographie des autres pays d’Europe et se rapproche par là-même du Tiers-Monde ; d’ordre économique, le coût de l’intégration risquant bien de ruiner l’Europe.

De plus, alors que la prétendue élite européenne soutient cette adhésion contre-nature, en revanche cette même « élite » critique la Russie de Poutine et s’opposerait à toute intégration de celle-ci, alors qu’elle est infiniment plus européenne que la Turquie. A cela, il faut ajouter que la Turquie laïque appartient essentiellement au passé. Nous ne sommes pas dans une Turquie kémaliste mais dirigée par un gouvernement qui se revendique d’un islamisme « modéré », dirigé par un certain Recep Erdogan qui avait tenu par le passé des propos ouvertement haineux à l’égard des Européens.

L’année 2004 est aussi l’année de l’Irak et des élections américaines. Il est incontestable que les USA ont eu une analyse volontairement erronée de la question irakienne. Leur idée est la vengeance. Comme Al Qaida leur a échappé, d’autant plus que la capture de Ben Laden pourrait être l’occasion de la divulgation de secrets d’état, comme l’affaire afghane a été superficiellement réglée, l’administration de Bush a voulu justifier de sa politique anti-terroriste. De plus, il suffit de s’intéresser à la carte des ressources pétrolifères pour constater que l’Irak a un rôle majeur en ce domaine et les Etats-Unis voulaient évidemment en avoir le contrôle. Ils ont ainsi détruit le pouvoir politique de Saddam Hussein sans réussir à mettre en place une continuité du pouvoir et à assurer ainsi l’existence d’une nouvelle classe politique. Si des élections ont lieu, nulle doute que la majorité chiite réislamisée imposera ses desiderata. En somme, comme avec l’Iran, les Etats-Unis vont probablement accepter une nouvelle république islamique. Les échecs relatifs de la politique américaine en Irak n’ont pourtant pas empêché la réélection de Bush qui a su utiliser la peur des attentats pour maintenir son pouvoir, d’autant plus facilement que son concurrent Kerry n’apparaissait pas, à l’exception des media européens, véritablement différent. Kerry a reçu le soutien des minorités, Bush celui de la majorité WASP et ce malgré les graves problèmes sociaux et économiques de cette population, victime, comme les Européens, du mondialisme.

On a pu espérer la création d’un axe Paris-Berlin-Moscou, ces trois pays formant l’apparence d’un front du refus face à cette forme nouvelle d’impérialisme américain. Il n’en était rien. La question de l’Ukraine l’illustre remarquablement. Trois positions étaient possibles sur cette question. La position russe était de considérer l’Ukraine comme faisant partie de sa sphère d’influence – c’est la position de Poutine et elle est cohérente car Kiev est le berceau de l’orthodoxie russe. La position américaine est de séparer l’Ukraine de la Russie afin de créer une sorte de cordon sanitaire autour d’elle. L’intégration des pays d’Europe centrale et orientale dans l’OTAN en est la preuve évidente. Et malheureusement c’est cette position là que les dirigeants d’Europe occidentale soutiennent également, à l’instar de Chirac. Ces deux positions sont incarnées par les deux candidats aux présidentielles ukrainiennes. La seule position vraiment européenne aurait été de considérer l’Ukraine comme en effet un possible futur membre de l’Europe mais au même titre que la Russie. En somme, il fallait reconnaître la validité de la position russe mais en l’intégrant dans une position européenne globale. Ce qui n’a pas été le cas. Là encore, les gouvernements européens ont suivi en bêlant la stratégie américaine.

L’année 2005 ne changera probablement rien à la situation actuelle de l’Europe. Celle-ci va donc continuer son cheminement dans le reniement et dans la décadence. Cependant, sait-on jamais ?

Nous souhaitons une heureuse année 2005 à tous les Européens et Européennes, en espérant que la renaissance de l’Europe approche.

Thomas Ferrier

28 Décembre 2004

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