9 mai, fêtons l’Europe !
Troubles à Ankara.Depuis quelques semaines, la Turquie connaît une grave crise politique opposant les islamistes auto-proclamés « modérés » de l’AKP, dirigés par le premier ministre Recep Erdogan, avec les héritiers idéologiques de Kemal Atatürk, incarnés notamment par la gauche nationale, le CHP, et par la droite nationale, le MHP. L’armée, gardienne du dogme laïc, est sortie de sa réserve pour contrer le risque de voir un islamiste être élu par le parlement à la présidence du pays. A l’origine, Recep Erdogan ambitionnait ce poste, mais en raison d’une opposition de la rue et des protestations des généraux, il a préféré renoncer et a proposé son ami, le ministre des affaires étrangères Abdullah Gül, à la présidence. En raison d’un boycott des élus kémalistes, le quorum n’étant pas atteint, l’élection de Gül a été invalidée par l’équivalent turc de notre conseil constitutionnel. Dès lors, Erdogan a été obligé d’avancer la date des élections législatives au début du mois de juillet, et le risque que son parti soit battu est réel.
Parallèlement, l’élection de Nicolas Sarkozy, qui s’est engagé à s’opposer à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, a provoqué des réactions inquiètes à Ankara, dans un contexte tendu. Même les Turcs les plus europhiles doutent désormais et cela ne peut que profiter au CHP et au MHP, hostiles l’un et l’autre à l’intégration européenne, et qui étaient à la tête de la coalition au pouvoir précédant la victoire de l’AKP islamiste. Aussi la perspective inquiétante pour les partisans de l’Europe Politique que nous sommes de l’entrée dans dix ans de ce pays, entrée encouragée par les USA et par le Royaume-Uni, semble s’éloigner, non du fait de l’Union Européenne mais des Turcs eux-mêmes, et c’est une bonne nouvelle.
La Pologne sous botte américaine ?L’affaire des bases américaines en Europe centrale continue de faire des vagues, Vladimir Poutine ayant décidé de hausser le ton et de manifester son opposition absolue à ce projet qui, à ses yeux, et à raison, est une provocation et qui s’inscrit dans la stratégie américaine d’encercler et d’isoler la Russie. Et toute la stratégie des euro-socialistes, c’est au contraire de tendre une main fraternelle au peuple russe dans le but de l’intégration de la Russie, un pays indéniablement européen, dans l’UE.
Le problème c’est que le gouvernement polonais actuel, conservateur, nationaliste et clérical, est foncièrement russophobe, et un allié fidèle des USA. Il souhaite donc accepter, contre son opinion politique [67% des polonais y sont opposés, dont le parti Samoobrona d’Andrej Lepper, membre de la coalition au pouvoir], cette base anti-missiles, un autre dispositif américain étant prévu en Tchéquie, là encore contre l’opinion.
Contrairement à ces eurosceptiques qui sont prêts à se soumettre au prétendu bouclier américain plutôt que de chercher à se réconcilier avec leurs voisins européens, nous sommes déterminés à libérer l’Europe de toute tutelle américaine, y compris de l’OTAN, et ce au profit d’une véritable armée européenne unifiée, regroupant toutes les troupes du continent [Russie incluse] et qui, elle, sera chargée de sa défense.
Nous ne pouvons que déplorer les tensions actuelles entre l’Union Européenne et la Russie résultant de cet alignement de plusieurs pays d’Europe médiane sur les positions de Washington. La Pologne, soutenue par la Lituanie, a ainsi fait échouer un accord énergétique entre Bruxelles et Moscou, l’Estonie a réveillé de vieux démons en démantelant un monument dédié aux soldats soviétiques. En retour, la Russie s’oppose à toute résolution de la question du Kosovo autre que le maintien pur et simple, mais illusoire, dans la Serbie. Les USA soutiennent de leur côté la Géorgie contre les séparatismes ossète et abkhaze soutenus par la Russie. Seule une Europe politique vraiment indépendante pourrait résoudre ces conflits, car en son sein, l’existence d’une province d’Ossétie et d’une province de Kosovë ne poserait aucun problème.
Il nous faut réconcilier tous les peuples européens, tâche prométhéenne mais indispensable. Et il nous faut triompher de ceux qui cherchent à maintenir l’Europe divisée, à savoir les atlantistes, les alter-mondialistes et les souverainistes.
L’Europe, notre patrie !En ce jour de fête de l’Europe, ce 9 mai qui rappelle la déclaration Schuman, mais qui était aussi une fête dédiée aux ancêtres dans la vieille Rome, par un heureux hasard, nous rappelons ici que, l’Europe éternelle, fille d’Athènes et de Rome, est notre patrie, que nous l’honorons et que nous la défendrons. Nous entendons œuvrer pour la pax europaea et pour la renaissance de notre civilisation, et ce par la révolution européenne, par la volonté démocratique des Européens d’unir un continent que la contingence a divisé. Car
reuolutio erit renouatio.
Fêtons donc l’Europe, notre mère, pour que demain elle soit à nouveau puissante, prospère et féconde !Thomas Ferrier
Secrétaire général du PSUNE