La conférence sur le climat se termine mollementEtienne Dubuis
Samedi 18 novembre 2006
ENVIRONNEMENT. Aucun signal fort n'est venu de Nairobi malgré des attentes croissantes.(EPA)
Devant l'évidence du réchauffement climatique, la communauté internationale s'est donné ces dernières années deux objectifs: freiner le phénomène et s'adapter à ses premières manifestations. Conformément au programme fixé par la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique de 1992, la 12e conférence sur le climat, qui s'est tenue ces deux dernières semaines à Nairobi, a tenté de progresser sur ces deux fronts. Avec des fortunes diverses.
Deux mécanismes destinés à soutenir les efforts d'adaptation des pays les plus menacés, le Fonds spécial changements climatiques et le Fonds pour les pays les moins avancés, sont déjà opérationnels. Un troisième, en revanche, le Fonds pour l'adaptation, est en panne. Il dispose d'argent, puisqu'il reçoit 2% du prix des certificats acquis dans divers projets de développement propre. Mais il ne possède toujours pas d'organe de gestion. La conférence de Nairobi a tenté en vain de lui en donner enfin un.
«Les parties se sont mises d'accord sur la manière dont sera géré le fonds et sur ses finalités, mais pas encore sur l'identité de son gestionnaire», a avoué le secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, Yvo de Boer.
«Cet échec est très décevant, commente Martin Hiller, responsable de la communication sur le changement climatique du WWF International. La conférence de Nairobi a été la première à se dérouler en Afrique subsaharienne, ce qui a conduit à une conscientisation sans précédent des populations de cette partie du monde. Le moment était idéal pour réaliser une avancée en leur faveur. D'autant que le continent noir est l'un des plus affectés par le réchauffement.»
Sur l'autre grand chapitre, la limitation du réchauffement, les discussions ont été laborieuses. Le Protocole de Kyoto, qui représente la partie la plus avancée de ce programme, impose des taux d'émission à un certain nombre de pays industrialisés jusqu'en 2012. Au-delà, rien n'est dit.
Les Etats industrialisés qui ont ratifié le texte se sont accordés sur la nécessité de réduire de 50% les émissions des gaz à effet de serre. Il reste à savoir selon quel calendrier.
Préparer 2012
La question est d'importance. Pour qui veut combattre le réchauffement climatique, il est crucial d'empêcher un vide juridique entre les derniers effets du Protocole de Kyoto et l'entrée en vigueur du texte suivant. Ce qui signifie que les négociations doivent se terminer bien avant 2012 pour permettre aux Etats intéressés de ratifier le document.
«Nous souhaitons qu'un signal fort soit donné en faveur de la continuité», confiait encore vendredi matin José Romero, de la division Affaires internationales de l'Office fédéral de l'environnement. L'Allemagne avait proposé que les négociations sur le futur régime s'ouvrent en 2007 et s'achèvent en 2009. Or les participants ont finalement accepté d'entamer en 2008 seulement la révision du Protocole de Kyoto. Et ils n'ont convenu d'aucune date butoir.
Autre blocage: bien que les pays industrialisés aient répété qu'ils ne parviendraient pas seuls à arrêter le réchauffement, les pays en développement ont continué à refuser l'idée de partager l'effort.
http://www.letemps.ch/template/international.asp?page=4&article=194212
De nouveau, la montagne accouche d'une souris.
Une bonne volonté est affichée dans les discours. Le diagnostique est reconnu. Les objectifs sont annoncés. Mais, les moyens ne sont, encore une fois de plus, pas acceptés.
Non seulement les rejets de gaz à effet de serre ne diminuent pas mais ceux-ci augmentent. Et, comme si cela ne suffisait pas, la vitesse de cette augmentation s'accroît elle-même.
Sur ce problème du réchauffement climatique comme sur la grande majorité des questions environnementales, c'est le fiasco.
Pourtant, certains affirment que maintenant ce sujet serait traité sérieusement et qu'ainsi les formations politiques écologistes devraient abandonner leur indépendance pour se vassaliser.
Certes, ce discours hégémoniste se trouve aussi tenu sur toutes les autres thématiques de société. Le monopole devrait régner.
Heureusement, cette voie royale de l'autruche n'a pas encore éliminé les autres solutions candidates.
Plus que jamais, l'environnement réclame les véritables solutions, celles puisant leur utilité dans l'efficacité, celles prônant vis-à-vis des objectifs l'application de leurs moyens.
Mais, pour que les solutions soient entendues, la fédération de tous les participants de bonne volonté doit être réalisée. Et, si vos cris ne trouvent pas seuls leurs échos, n'oubliez pas vos bulletins de vote !