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 Interview d'Yves Bataille à lire.(première partie)

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Nombre de messages : 21

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MessageSujet: Interview d'Yves Bataille à lire.(première partie)   Interview d'Yves Bataille à lire.(première partie) EmptyMar 15 Nov - 0:00

Citation :
LE COQ, L'AIGLE, L'OURS ET LE DRAGON
INTERVIEW D’YVES BATAILLE A TIERRA Y PUEBLO (ESPAGNE)
1. L’incorporation de la Pologne et de la Hongrie dans l’OTAN assurait le contrôle de l’Europe pour les Etats-Unis, de l’Atlantique à la frontière avec la Russie. Il ne restait encore que l’ancienne Armée de la Yougoslavie. Celle-ci est-elle une des clés de l’agression contre la Serbie ? Le fait que la campagne a commencé quelques semaines après les incorporations mentionnées est-t-il dû au hasard ?

C’est un fait, l’une des clés du démantèlement de la Yougoslavie et de l’agression contre la Serbie était la volonté d’assurer la pérennité d’une OTAN qui n’avait plus de raison d’être depuis l’implosion de l’Union soviétique et la fin du Pacte de Varsovie, et de l’étendre à l’Est. La Yougoslavie n’appartenait à aucun pacte militaire et ne menaçait personne. Sa destruction délibérée est due avant tout à des facteurs politiques et géopolitiques. Il fallait imposer le libéralisme anglo-saxon et dégager le terrain pour aller plus à l’Est. C’est ce qui a été fait. L’OTAN n’est rien d’autre que l’outil de domination politico-militaire des Etats-Unis sur l’Europe. Pour organiser son expansion vers l’Est il fallait trouver un prétexte et désigner un ennemi qui justifie une intervention. Ce furent la guerre civile yougoslave et la menace serbe. Comme le pays, l’Armée yougoslave ne présentait pas un caractère d’unité, elle était traversée par l’agitation ethnique et se trouvait elle-même très affaiblie. La guerre n’a pas commencé en 1999, elle a commencé beaucoup plus tôt et avant l’entrée dans l’OTAN des pays mentionnés. Dès 1991 les premières victimes du conflit ont été des recrues serbes de la JNA en Slovénie. Pour les Etats-Unis qui avaient annoncé l’éclatement de la Fédération dès 1990, l’Armée yougoslave (JNA) en soi n’avait pas une grande importance. En revanche ce qui avait une importance c’était d’une part de morceler la Yougoslavie de façon à donner naissance à de petites entités étatiques faciles à contrôler, d’autre part de réduire au maximum la Serbie considérée comme le principal obstacle aux plans d’expansion. On a fait la guerre à Slobodan Milosevic, alors président de la Serbie, parce qu’il refusait le système libéral occidental et son capitalisme sauvage. L’expansion de l’OTAN à l’Est s’est effectuée sous des formes diverses, pacifiquement dans les trois pays d’Europe centrale (Pologne, Tchéquie, Hongrie) travaillés depuis longtemps par des individus comme Lech Walesa ou Vaclav Havel, par l’ingérence indirecte avec les Casques bleus onusiens et les Sociétés Militaires Privées liées au Pentagone du côté des entités sécessionnistes (Croatie, Bosnie et Kossovo), enfin par l’intervention militaire directe et massive en 1995 et 1999. En dernier on a fait adhérer des pays riverains de la Mer noire comme la Roumanie et la Bulgariequi doivent accueillir les bases du redéploiement de l’OTAN. Cette organisation chargée autrefois de « défendre le monde libre » contre le Pacte de Varsovie (qui n’existe plus) contrôle désormais toute la partie Est-européenne entre la Mer Baltique et la Mer Adriatique, des Pays Baltes(Lettonie, Estonie, Lituanie) à la Grèceen passant par la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie, formant un barrage géopolitique entre la « petite Europe » et la Russie. Ce travail achevé, l’OTAN a poussé ses pions en Ukraine et s’y essaye en Biélorussie…

2. Le Laisser faire de l’ Union européenne dans le conflit balkanique fut réellement très pathétique. Comment les Serbes on-ils réagi devant ce manque d’autonomie politique ?

Le terme « laisser faire » est faible. L’Europe porte une lourde part de responsabilité dans le conflit balkanique. Non seulement elle a fait appel aux Etats-Unis pour envoyer des troupes en Yougoslavie mais encore elle y a participé. C’était après la réunification d’une Allemagne qui croyait pouvoir jouer à nouveau son rôle d’antan en Europe centrale et orientale. Les Américains l’ont laissé tirer les marrons du feu en Slovénie et en Croatie avant de donner un coup d’arrêt. En 1993 ils ont écarté les Allemands de Zagreb à l’Ouest et se sont installés à Sofia à l’Est (QG de la CIA déplacé depuis à Sarajevo). Dans cette affaire les pays européens ont agi comme les supplétifs des Etats-Unis. Les Serbes ont été très surpris du comportement des Européens, en particulier de celui des Français. Ils en étaient restés à une période de l’Histoire où en Europe les nations avaient encore orgueil et politique propre. Ils avaient en mémoire les péripéties de la Première guerre mondiale, le Front de Salonique, le sauvetage de l’Armée serbe à Corfou par la marine française. Une chanson, toujours en honneur, porte le nom du Bateau français. Ils ont considéré avec raison l’attitude de Paris comme une trahison, découvrant l’amnésie d’une démocratie.

Les Serbes ont commémoré début août le dixième anniversaire de l’Opération « Storm» (Oluja) qui a vu leur élimination de la Krajina . Bilan 4.771 morts, 6.952 blessés, 2.800 disparus. Il y avait là un demi million d’entre eux. Il n’en reste plus que quelques milliers, de vieilles personnes pour la plupart. C’est un « nettoyage ethnique» mais il n’est pas répertorié comme tel par les consciences à géométrie variable.

La maîtrise d’œuvre de cette opération est revenue aux Américains qui ont fourni les renseignements militaires, les moyens de guerre électronique, de brouillage et le feu vert. On a les noms des officiers américains de la société privée (MPRI tous des anciens de l’US Army, de la CIA et de la DIA) qui ont planifié l’attaque au sol. Peter Galbraith, l’ambassadeur US à Zagreb, s’est vanté d’être entré à Knin, la capitale de la Krajina, parmi les premiers, dans un blindé croate. On pouvait voir sur les routes des milliers de tracteurs, d’immenses colonnes de réfugiés fuyant les agresseurs avec un maigre bagage. Des avions croates ont même bombardé des réfugiés. La récompense pour Washington a été une base aérienne souterraine près de Bihac (comme celle de Krivolak en Macédoine) et la mise en chantier de l’autoroute Zagreb-Split-Dubrovnik par un consortium américano-turc formé par les sociétés Bechtel et Enka. A noter que, comme dans toute colonie, le petit personnel sous-payé travaillant sur les champs de mines était indigène (croate). Il y a deux siècles Napoléon a construit la première grande route côtière de Dalmatie. Plus tard un peu plus au Nord les Allemands, qui devaient devenir de grands constructeurs d’autoroutes, avaient fait les plans du Chemin de fer de Bagdad. L’opération Storm, elle, permettait d’ouvrir une nouvelle route de l’Adriatique, celle qui, selon les plans non encore publiés, doit se prolonger jusqu’à l’Albanie via Dubrovnik et le Monténégro.

Ce grand projet est de relier l’autoroute de Dalmatie à sa semblable du Corridor n°8 construite parallèlement à l’oléoduc d’ AMBO (Albanian-Macedonian-Bulgarian-Oil) qui doit relier le port de Varna à celui de Durrës, la Mer Noire à l’Adriatique dans le canal d’Otrante. Jamais très éloignées des côtes les bases américaines construites par Halliburton et Browns & Root jalonnent ce dispositif en construction. Couplé avec l’arrêt de la navigation sur le Danube consécutif aux bombardements des ponts en Vojvodine, le Corridor n°8 coupe la route Vienne-Budapest-Belgrade-Salonique,entrave le lien fort orthodoxe Grèce-Serbie et ouvre un pont terrestre à la Turquie en direction de l’Italie… On comprend pourquoi Washington tient tant à l’« indépendance du Monténégro » dont la contrepartie, pour les partisans de la séparation, serait la livraison des Bouches de Kotor à l’US Navy.

L’opération Storm a aussi permis aux Américains d’accentuer la pression en imposant à Milosevic fin1995 les accords de Dayton et de Paris. Bien que diabolisé il était encore à ce moment-là interlocuteur valable. Milosevic croyait à tort qu’après la cession de la Krajina aux Croates et les accords de Dayton les Américains le laisseraient tranquille. Il se trompait lourdement. Après ces « accords » le général américain Klein qui a opéré en Slavonie orientale déclarait : «pour la Serbie ce n’est pas fini» et pour la Serbie ça ne l’était pas en effet. Après l’intervention US en Krajina au côté du général croate Ante Gotovina (utilisé puis lâché, déclaré criminel de guerre et réclamé à la Haye…) la société militaire privée (SMP) Military Professional Resources Inc. (MPRI) basée en Virginie a « aidé » les séparatistes musulmans de l’autre côté de la ligne de démarcation . En Bosnie le MPRI a facilité en pleine période d’ embargo onusien le parachutage d’armes par l’aviation turque. Ils a aussi aidé au trafic d’armes (notamment iraniennes) par la voie maritime via les ports de Dalmatie.
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Ferrier
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MessageSujet: Re: Interview d'Yves Bataille à lire.(première partie)   Interview d'Yves Bataille à lire.(première partie) EmptyMer 30 Nov - 21:22

Très intéressant texte, cher camarade. Smile Je ne l'avais pas vu.
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Interview d'Yves Bataille à lire.(première partie)
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