Voici un commentaire allant dans le même sens.
On se plait à dire que la république française est porteuse de valeurs universelles. De fait la déclaration des droits et des devoirs de l'homme et du citoyen de 1793, si elle s'adresse au sexe masculin et aux habitants de la France de l'époque, ne contient rien qui relève de ces limitations. Cela s'explique aisément. A une époque où l'espérance de vie était courte, on pouvait prendre l'équation "un citoyen = un foyer". Par ailleurs les représentants du peuple ne représentaient que l'hexagone et c'était le respect le plus élémentaire de la démocratie de ne parler qu'au nom ce peuple.
Nous avions donc, dès 1793, une déclaration universelle, indépendante du sexe et du pays en dépit des apparences, mais surtout des circonstances. Bien plus universelle que celle de 1948, qui est fortement connotée par les événements de la seconde guerre mondiale.
Cependant cette universalité avait une limite quand même, implicite mais bien réelle. Celle des frontières du monde dans lequel les élites intellectuelles voyageaient à l'époque, celles de l'Europe. La révolution française a été favorablement accueillie en Allemagne et en Italie, avant la déception provoquée par Napoléon, contribuant à la prise de conscience d'une unité nationale. Depuis la révolution, la France porte donc des valeurs universelles européennes. De fait c'est déjà un peu une Europe en réduction, avec sa triple paternité celte, italique et germaine.
Certes la première république a été précédée par la république américaine, dont elle s'est inspirée. Cependant, à l'époque, les Etats-Unis n'étaient encore qu'un peu bout de l'Angleterre.
En revanche on se demande bien en quoi la république française aurait été mêlée à des valeurs universelles mondiales. En 1848 la seconde république, en abolissant l'esclavage, a modifié la devise "liberté, égalité" en "liberté, égalité, fraternité", pour adoucir une égalité qui aurait dû inclure les habitants des territoires lointains, concept un peu difficile à faire accepter à l'époque. Il est assez surprenant de noter que tel journaliste américain voulant brocarder Le Pen lui fait rayer la mention "fraternité" sur la devise française appliquée à une colonne. Quant à la troisième république, elle a développé l'empire colonial au nom du "devoir des races supérieures envers les races inférieures". Bel exemple d'universalisme !
Et la quatrième république? La France n'ayant pas pris part à la dernière guerre au même niveau que les principaux belligérants, elle n'a eu aucune influence sur l'après-guerre. La déclaration de 1948 est celle des vainqueurs, dont elle était exclue.
Bien sûr on peut regretter ces faits. Mais peut-on prétendre que la République française ait porté un jour des valeurs universelles mondiales?