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 Europe fédérale, un projet suisse

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Ferrier
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MessageSujet: Europe fédérale, un projet suisse   Europe fédérale, un projet suisse EmptyVen 3 Déc - 13:20

Europe fédérale, un projet suisse Europa

Citation :
Max A. Ambühl, membre du Mouvement européen suisse depuis 1951 et responsable opérationnel jusqu’en 1990, évoque quelques épisodes des 70 ans de combat des pro-européens suisses, penseurs précurseurs de l’organisation politique du continent.

Ce 4 décembre, le Mouvement européen suisse, rebaptisé en 1998 Nouveau Mouvement européen suisse (Nomes), célèbre son 70e anniversaire à Bâle, où il fut fondé le 24 juin 1934. Sans pouvoir rendre justice à tous ses acteurs, ce bref aperçu laisse entrevoir l’importance de son action et des débats qui la fondent.

Coupés du monde par des frontières fermées, les Bâlois ont ressenti plus qu’ailleurs la tragédie de la Première Guerre mondiale. En 1926 déjà, un Europäerbund apparaît à Bâle. Dans cette même ville, en 1930, le Mouvement paneuropéen du comte Coudenhove Kalergi tient congrès. Il s’agit pour les congressistes de transformer en appel populaire l’initiative diplomatique pour une Union européenne lancée l’année précédente par Aristide Briand. Dans la foulée, le 2 mars 1933, un mois après la prise de pouvoir par Hitler, un groupe de personnes constitue le comité d’Europa-Union. Ce dernier organise une grande manifestation au Casino, le 17 mai 1933. L’émergence du IIIe Reich échauffe les esprits. La manifestation a un énorme retentissement dans toute la Suisse. «Patrie et communauté des peuples» constitue le thème central du manifeste présenté par Hans Bauer, futur président de notre mouvement. L’année suivante, les Bâlois se séparent de Coudenhove Kalergi pour des raisons idéologiques et fondent, le 24 juin 1934, l’Union européenne, Mouvement suisse pour la fédération de l’Europe. Font partie du comité des personnalités du monde universitaire et économique, dont le fabricant bernois de chocolat Theodor Tobler.

En 1935, inquiet face au risque d’une guerre en Europe et cherchant à freiner le trafic d’armes international, le mouvement lance une initiative populaire introduisant un contrôle par la Confédération de l’industrie d’armement et du trafic d’armes. Le 20 février 1938, l’initiative est adoptée par le peuple et les cantons. Pendant la guerre, le mouvement anticipe la fin des hostilités. En 1940 à Berne, les principes directeurs d’une fédération européenne sont établis. Dans le même esprit, Wilhelm Hoegner, constitutionnaliste allemand émigré en Suisse, élabore pour le mouvement un projet de Constitution européenne, qui sera adapté et publié par Max Imboden, professeur de droit public à l’Université de Bâle.

En septembre 1946, à l’invitation du mouvement suisse, 78 personnes de 13 pays issues de la Résistance se réunissent à Hertenstein, sur les bords du lac des Quatre-Cantons. A l’unanimité, le Programme de Hertenstein préconisant une communauté européenne basée sur des principes fédéralistes est adopté. Au même moment à Zurich, Winston Churchill adresse son appel historique aux Européens: «Il faut faire les Etats-Unis d’Europe!» En décembre, l’Union européenne des fédéralistes (UEF) est créée à Paris, dans le prolongement de la conférence de Hertenstein.

Par la suite, les délégués suisses prennent une part active aux travaux de l’UEF, notamment Jeanne Hersch, professeur à l’Université de Genève, Henri Genet, municipal de Lausanne, et Denis de Rougemont. Dans l’Europe en gestation, deux tendances s’affirment très vite parmi les différents mouvements militant en faveur de l’unité européenne. D’une part, les unionistes, emmenés par Winston Churchill qui, malgré sa formule fédéraliste de Zurich, souhaite une Europe centralisée. D’autre part, les fédéralistes qui n’entendent pas renoncer à leur exigence d’un modèle décentralisé de «fédération» européenne.

Les deux tendances s’affrontent lors du Congrès de l’Europe de La Haye, en mai 1948. Ce rassemblement spectaculaire, présidé par Winston Churchill, attire des centaines de participants, dont des personnalités de premier plan, ministres en exercice, parlementaires, grands patrons du secteur privé, chefs syndicalistes, acteurs culturels et chefs religieux. La Suisse, avec 30 délégués, est représentée entre autres par Marcel Pilet-Golaz, ancien conseiller fédéral, Denis de Rougemont et Henri Genet. Le congrès aboutit à une série d’initiatives, dont les plus importantes sont la création du Mouvement européen et la naissance du Conseil de l’Europe. Pour les Suisses, la résolution sur la création du Centre européen de la culture, qui s’établira à Genève sous la direction de Denis de Rougemont, revêt une importance particulière.

Malgré les grands discours, le succès est mitigé. Sur le fond, les deux positions antagonistes sur les institutions de la future Europe restent inconciliables. Quant à la Suisse, elle renonce à entrer au Conseil de l’Europe, qui tient sa première session en 1949 à Strasbourg. Malgré la pression d’une partie de l’opinion publique, des membres de notre mouvement participent à une manifestation de la Jeunesse européenne fédéraliste à Strasbourg, le Conseil fédéral déclare que l’appartenance au Conseil de l’Europe est incompatible avec la neutralité.

Par ailleurs, la Suisse ne se sent pas concernée par la déclaration de Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, qui marque en 1950 un tournant décisif dans l’intégration européenne. Le projet instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) met sur pied la première autorité supranationale européenne et change ainsi le destin de l’Europe. Hélas, l’échec de la Communauté européenne de défense (CED) en 1954 stoppe l’élan politique. Dès lors, soucieux de ne pas abandonner l’idée d’une intégration plus poussée, les dirigeants européens se mettent d’accord sur la création, en 1957, de la Communauté économique européenne (CEE).

L’intégration économique des six pays de la CEE incite les pays non membres à rechercher des coopérations. Dans ce contexte, la Suisse participe à la création, en 1958, de l’Association européenne de libre-échange (AELE). Cet arrangement n’empêche pas la Suisse de rechercher une forme d’association à la CEE, au début des années 60. Notre mouvement est décidé à intervenir dans le débat qui fait rage. En 1962, il consacre son congrès de Baden à ce sujet controversé au sein même du mouvement.

Une minorité plaide pour l’adhésion pleine et entière à la CEE. Un débat sans fin sur la neutralité et sa compatibilité avec une adhésion ou une association anime les travaux du congrès. A son terme, une nette majorité choisit l’association à la CEE, soulignant ainsi sa solidarité avec la position du Conseil fédéral. Seul un petit nombre de délégués, dont moi-même et Marcel Beck, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Zurich, se prononcent pour l’adhésion. En fait, faute d’un accord avec «Bruxelles», l’association ne se réalisera pas.

Dans les années 70, le mouvement s’engage dans la campagne référendaire sur l’accord de libre-échange entre la Suisse et la CEE. Le secrétaire central d’alors, Luzius Wasescha, aujourd’hui ambassadeur au Secrétariat d’Etat à l’économie, se déplace dans tout le pays pour le défendre. Sous son impulsion, le mouvement se consacre également à la promotion des projets du Conseil de l’Europe, organisation à laquelle la Suisse a fini par adhérer en 1963.

En 1989, le mouvement passe à l’offensive, avec les «Thèses pour une politique européenne de la Suisse» lancées par son président, Guy-Olivier Segond, conseiller national, puis conseiller d’Etat. Novateur, Segond postule un changement de stratégie et l’ouverture d’un grand débat national sur la place de la Suisse en Europe qui permette à l’opinion publique de se préparer à l’adhésion. Depuis quinze ans, le Nomes poursuit cet objectif et se bat pour que notre pays rejoigne l’UE.

Malheureusement, à l’exception des accords bilatéraux, les projets d’intégration européenne seront rejetés en votation. En 1992, le conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz, président d’honneur du Nomes, devra constater l’échec de l’EEE. L’immense déception provoquée par cette occasion manquée stimulera l’activité des pro-européens qui s’uniront et lanceront l’initiative «Oui à l’Europe». Maintenue en raison du refus du Conseil des Etats d’accepter le contre-projet du Conseil fédéral, l’initiative connaîtra en 2001 la défaite que l’on sait, révélant les peurs du pays face à la construction européenne.

Aujourd’hui plus que jamais, l’action du Nomes reste indispensable. Dans la perspective qui était déjà celle de son premier président, Hans Bauer, lorsqu’il déclarait: «Notre responsabilité européenne nous oblige à prendre position contre l’hostilité ouverte et si répandue qui se manifeste en Suisse contre l’Europe, et qui rappelle l’opposition contre l’intégration de la Suisse elle-même au XIXe siècle […]. Mais notre responsabilité suisse nous oblige en même temps à ne pas voir que le but final d’une communauté fédérale européenne, mais à penser et à favoriser chaque pas qui puisse nous rapprocher pratiquement de ce but.»

source: letemps.ch
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