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 Les Tchétchènes : par-delà l'islam

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MessageSujet: Les Tchétchènes : par-delà l'islam   Les Tchétchènes : par-delà l'islam EmptyMer 7 Déc - 12:37

Citation :
Ces Tchétchènes, qui sont-ils?
13:59 | 07/ 12/ 2005


MOSCOU, 7 décembre. (Tatiana Sinitsyna, commentatrice de RIA Novosti).

Les Tchétchènes sont persuadés qu'historiquement leurs racines remontent au royaume des Choumeris (30e siècle avant Jésus-Christ). Ils se considèrent également comme des descendants des Urartis (9-6es siècles avant Jésus-Christ). En tout cas, l'écriture cunéiforme déchiffrée de ces civilisations révèle que de nombreux termes d'origine se sont conservés dans la langue tchétchène.

Les choses ont voulu que pendant toute leur histoire les Tchétchènes n'ont pas disposé de leur propre Etat. La seule tentative faite au XIVe siècle pour créer le royaume Sinsir s'était avérée prématurée puisque la cavalerie de Tamerlan l'avait écrasé peu après avoir vu le jour. Après avoir perdu deux tiers de leurs compatriotes au cours des combats livrés aux conquérants orientaux, les Tchétchènes ont quitté les plaines fertiles pour se réfugier dans la montagne, où il était plus commode de poursuivre la lutte. Pour les Tchétchènes la montagne fait depuis office de refuge, de contrée natale et même de sanctuaire.

Aux conquérants étrangers il fallait aussi ajouter les ennemis locaux qui ne manquaient pas: des détachements belliqueux d'autres ethnies caucasiennes s'agressaient mutuellement à intervalles plus ou moins réguliers, tel était le mode de vie. Il fallait en permanence se tenir sur le pied de guerre. Pour protéger sûrement leurs foyers, leurs localités, les montagnards formaient des détachements de milices armées, aménageaient des lignes de défense. Dans les régions alpines du Caucase on trouve encore les vestiges de centaines de tours de défense abandonnées, érigées avec des pierres. De là on suivait les déplacements des ennemis et quand ceux-ci se faisaient menaçants, on allumait des feux et la fumée annonçait le danger. L'attente permanente des attaques, la nécessité de se tenir toujours prêt au combat avaient bien sûr militarisé les esprits mais aussi forgé la bravoure et le mépris de la mort.

Dans les batailles un seul sabre pouvait faire la décision, c'est pourquoi les valeurs guerrières étaient inculquées aux garçons dès leur plus tendre enfance. Selon l'ethnologue Galina Zaourbekova, mère de quatre enfants , aujourd'hui encore l'éthique tchétchène interdit de les bercer et de les gâter, de satisfaire leurs caprices. De nos jours il est de tradition de chanter près des berceaux des chansons anciennes glorifiant la vaillance militaire, la bravoure, le coursier rapide, l'arme redoutable.

Le pic Tebolous-Mta (4.512 mètres) est le plus haut du Caucase oriental. Les ascensions de cette montagne par le peuple tchétchène, les batailles héroïques livrées aux ennemis poursuivis sont les thèmes de nombreuses croyances populaires. Le caractère montagneux du paysage caucasien avait "morcelé" le peuple tchétchène, celui-ci s'était réparti de manière autonome, par défilé, sa différenciation s'était faite non pas territorialement, mais selon le principe tribal, donnant naissance aux clans tchétchènes, constitués de familles regroupées, chacun d'entre eux étant dirigé par un chef élu. Les clans les plus vénérés et respectés sont les clans de souche, les clans anciens. Les autres, ayant une généalogie plus courte, constitués au fil de processus migratoires, sont qualifiés de "cadets". A l'heure actuelle 63 clans sont recensés en Tchétchénie. Le clan assure la défense des us séculaires et aussi celle de chacun de ses membres.

La vie dans la montagne a défini tout un ensemble de rapports sociaux. Les Tchétchènes ont progressivement abandonné l'agriculture pour l'élevage, ils ont exclu le principe de gestion féodale permettant l'emploi de salariés, ce qui a obligé tout un chacun à travailler. On a vu aussi disparaître les conditions propices au développement fédéral, la nécessité d'une hiérarchie. La démocratie montagnarde s'est affirmée. Tous étaient égaux mais il n'était donné à personne de remettre la loi en question. Et si un individu "arborait un autre plumage", il était tout simplement exclu de la communauté. Après avoir quitté son clan, le "banni" tentait de s'assimiler au sein d'autres peuples.

L'esprit de la liberté et de la démocratie montagnardes s'est transformé en culte du sens de la dignité personnelle. C'est sur cette base que la mentalité tchétchène a pris corps. Les paroles échangées par les Tchétchènes pour se saluer traduisent leur indépendance personnelle: "Viens, homme libre!".

"Il est difficile d'être Tchétchène" est une autre expression usitée. C'est probablement malaisé en effet. Parce que la nature fière et libre du Tchétchène est littéralement prisonnière du carcan des adats (lois) érigés en us. Ne pas les observer c'est se soumettre à la honte, au mépris et à la mort.

Les adats sont nombreuses, mais les plus importantes sont celles qui concernent l'honneur masculin et les règles de conduite pour l'homme, qui exhortent la vaillance, la noblesse, l'honneur et le sang froid. Selon ces règles de conduite un Tchétchène doit être conciliant car les sentiers alpins sont étroits. Il doit savoir bâtir ses rapports avec les gens sans jamais faire montre de sa supériorité, ce qui permet d'éviter les conflits inutiles. Si un cavalier croise un piéton, il doit le premier prononcer les paroles de salutation requises. S'il rencontre un vieillard, le cavalier doit descendre de sa monture et seulement ensuite le saluer. Il est interdit aux hommes de "perdre la face" dans les situations déterminantes, de se retrouver dans des situations humiliantes, comiques.

Les Tchétchènes ont une peur héréditaire de l'offense. Surtout si cette offense concerne la famille et le clan et si elle résulte d'un manquement aux adats. Si un clan tchétchène s'est couvert de honte, la communauté lui tourne le dos. "Je redoute la honte, c'est pourquoi je suis toujours prudent", avait dit un montagnard qui avait été compagnon de route d'Alexandre Pouchkine dans son voyage à Erzeroum. De nos jours aussi les règles intérieures et extérieures de conduite contraignent le Tchétchène à se montrer dans la société extrêmement réservé, discret et bienveillant.

Les adats comportent des règles remarquables. Par exemple, la fraternisation, l'entraide, quand la communauté tout entière construit une maison à celui qui n'en a pas. Ou encore l'hospitalité: celui qui franchit le seuil d'une maison - même un ennemi - y trouvera toujours gîte, nourriture et protection. Alors, quand il s'agit d'amis...

Mais il y a aussi des us destructeurs, la vengeance par le sang, par exemple. La société tchétchène actuelle lutte contre cet archaïsme, des procédures de réconciliation des "ennemis jurés" ont été élaborées. Seulement rien n'est possible ici sans la bonne volonté réciproque.

Un Tchétchène n'exposera jamais une femme au danger, il la protégera: sur les routes alpines les risques sont nombreux sous forme d'éboulement, de bête sauvage, etc. Et puis on ne tire jamais dans le dos. Les femmes jouent un rôle particulier dans l'étiquette montagnarde. Elles sont en premier lieu les gardiennes du foyer. Dans les temps anciens cette métaphore avait un sens direct: les femmes avaient pour mission de veiller à ce que le fourneau soit en permanence allumé pour pouvoir préparer le repas. De nos jours cette expression a un sens figuré, mais elle conserve un sens très profond. Aujourd'hui encore pour les Tchétchènes la plus terrible des malédictions est celle-ci: "Que le feu s'éteigne dans ton foyer!".

Les familles tchétchènes sont très soudées et les adats veillent à ce qu'il en soit ainsi. Le format et le style de vie sont stables et prédéterminés. Le mari n'intervient jamais dans les affaires ménagères, c'est là un domaine exclusivement réservé à la femme. Manquer de respect à sa femme, l'humilier et la battre est inacceptable et impossible. Seulement si l'épouse est coupable de manquements, le mari peut la bannir en prononçant à trois reprises: "Tu n'es plus ma femme". Le divorce est inévitable aussi quand l'épouse manque de respect à l'égard de parents de son mari. Les femmes tchétchènes ont donc dû s'initier à l'art d'entretenir de bons rapports avec la lignés de leurs époux.

Si les adats interdisent toute "extravagance pleine de superbe", les Tchétchènes se risquent quand même à se livrer au "rapt" de la fiancée. Selon Galina Zaourbekova dans l'ancien temps le plus souvent la fiancée était enlevée parce que sa famille l'avait refusée à celui qui avait demandé sa main, ce qui était considéré comme un affront personnel. Affront qui était lavé par l'enlèvement. Parfois le rapt de la fiancée avait pour origine l'absence de la dot qui devait être versée à la famille de la jeune fille. Il arrivait aussi que les passions amoureuses interviennent. Cependant, ces histoires connaissaient deux aboutissements: soit le ravisseur était pardonné et le mariage était célébré, soit le coupable risquait toute sa vie d'être victime d'une vengeance par le sang. Le premier aboutissement était fort heureusement le plus fréquent.

Le mariage figure parmi les plus grandes fêtes célébrées par les Tchétchènes. Son rituel est pratiquement resté inchangé depuis des siècles. Les réjouissances durent trois jours et les soirées se terminent obligatoirement par des danses. La danse tchétchène est pleine de tempérament et de grâce. Au XXe siècle ce peuple peu nombreux a eu l'heureuse possibilité de montrer toute la beauté de cette danse nationale au monde entier: le grand danseur Makhmoud Essambaev a été applaudi dans tous les pays. Sur le plan de la plastique, la danse tchétchène recèle des motifs appartenant aux grandes valeurs éthiques et esthétiques: les hommes sont audacieux et fiers, les femmes apparaissent humbles et magnifiques.
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