03-06-2005
20 hectares de maïs OGM pour la mucoviscidose
Dans le but de produire un médicament contre la mucoviscidose, le ministère de l'agriculture vient d'autoriser, dans le Puy de Dôme, la mise en culture de 20 hectares de maïs transgénique alimentaire, jusqu'à présent non-autorisé en France.
Cette production d'un médicament à partir d'une plante génétiquement modifiée, cultivée en plein champ sur une surface importante, est une première en France. Autorisé en vue de produire 20 kg de lipase gastrique du chien, la culture se fera à ciel ouvert, au profit de la société Meristem Therapeutics, avec des risques de dissémination d'autant plus importants que les 20 hectares seront disséminés sur plusieurs sites.
Au-delà des risques environnementaux, le CRII GEN rappelle que les Etats Unis viennent précisément de limiter cette pratique à la suite d’un accident qui s’est produit en 2002, alors que la société Prodigène contaminait 500 000 tonnes de soja par mélange avec un maïs génétiquement modifié produisant un vaccin porcin. Pour Corinne Lepage, le risque d'une contamination d'un maïs destiné à l'alimentation humaine est donc réel, d'autant que la France n'a pas développé de méthode de traçabilité pour savoir si un maïs est contaminé ou non par ce médicament non homologué à base d’enzyme de chien. A ce titre, le CRII GEN (Comité de recherche et d'information indépendante sur le Génie Génétique) a décidé de saisir le Tribunal Administratif de Clermont Ferrand contre cette autorisation, tout en rappelant qu'il ne s'agit pas de dénoncer la production de la lipase gastrique à partir d’OGM, mais la production en milieu ouvert alors que d'autres solutions existent.
Destinée à tenter de traiter la malabsorption des graisses chez les patients atteints de mucoviscidose, selon Meristem Therapeutics, la lipase gastrique du chien doit être administrée en 2006, lors de tests, à 100 à 200 patients durant six mois. Son éventuelle demande d'autorisation de mise sur le marché pourrait se traduire par 1 000 hectares de culture d'OGM, la société espérant voir son médicament utilisé par 25 à 30 % des 70 000 personnes atteintes de mucoviscidose dans le monde.
A noter, cette société est détenue à 18 % par le semencier Limagrain, lequel produit des OGM…
Alex Belvoit