"Les écrits d'Isaïe nous attestent en plusieurs endroits, l'étonnement et la terreur que causèrent tout d'abord aux petits Etats sémitiques, qui ne connaissaient d'autres guerres que des razzias cette redoutable organisation militaire, cette vaste féodalité qui faisait tout aboutir à un même centre, cette science de gouvernement qui leur était si complètement inconnue. On sent, au premier coup d'œil, qu'on a affaire à une autre race, et qu'il n'y a rien de sémitique dans la force nouvelle qui va conduire le sémitisme à deux doigts du néant. A Ninive, le contraste est plus frappant encore. C'est une immense civilisation matérielle, dont la physionomie ne rentre nullement dans le type de l'esprit sémitique. La vie sémitique se représente à nous comme simple, étroite, patriarcale, étrangère à tout esprit politique; le Sémite n'est pas travailleur; la patience et la soumission que supposent chez un peuple des constructions comme celles de l'Egypte et de l'Assyrie lui manquent. A Ninive, au contraire, nous trouvons un grand développement de civilisation proprement dite, une royauté absolue, des arts plastiques et mécaniques très avancés, une architecture colossale, un culte mythologique qui semble empreint d'idées iraniennes, la tendance à envisager la personne du roi comme une divinité, un grand esprit de conquête et de centralisation." (Ernest Renan, Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, 1858, p. 56)
"Dans ma pensée, toute la grande civilisation qu'on désigne du nom un peu vague d'assyrienne, avec ses arts plastiques, son écriture cunéiforme, ses institutions militaires et sacerdotales n'est pas l'œuvre des Sémites. La puissante faculté de conquête et de centralisation, qui semble avoir été le privilège de l'Assyrie, est précisément ce qui manque le plus à la race sémitique." (ibid., p. 62-63)